Harcèlement sexuel : où est la limite ?

Il peut aller de photos de pénis non sollicitées à un étranger qui touche votre corps. Dans de nombreux cas, un comportement sexuel peut être malvenu et assimilé à du harcèlement sexuel. Trop souvent, ce sont surtout les femmes qui sont confrontées à ce genre de problème. Pourtant, même après le mouvement #metoo, cela continue de se produire. Pour être honnête, il est parfois assez difficile de faire la part des choses entre un comportement dit « acceptable » et un comportement qui va vraiment trop loin. C’est pourquoi nous vous expliquons quelques aspects du harcèlement sexuel.

Harcèlement sexuel et comportement sexuel indésirable

Le harcèlement sexuel est aussi appelé comportement sexuel indésirable ou encore, légalement, comportement non désiré à connotation sexuelle. On parle de harcèlement sexuel lorsque les limites d’une personne sont franchies. C’est un concept délicat, car ces limites sont différentes d’une personne à une autre et il est donc impossible de définir des limites dites universelles. Ce qu’une personne trouve excitant et drôle peut être complètement déplacé pour une autre personne et la mettre mal à l’aise ou faire se sentir en danger. Ce comportement ne doit pas nécessairement être physique. L’envoi de messages à caractère sexuel ou de photos suggestives constitue également une forme de harcèlement sexuel si le destinataire n’a pas donné son consentement.

« Les limites sont différentes d’une personne à une autre. »

Ainsi, lorsque vous, en tant qu’homme, envoyez une photo « innocente » de votre pénis, n’oubliez pas que la personne qui la reçoit ne s’y attend (probablement) pas. Même si ce n’était pas grand-chose pour vous, cela va peut-être la faire se sentir extrêmement mal à l’aise ou même offensée. Ce qu’une personne trouve excitant et drôle peut être inconfortable, voire même traumatisant pour une autre. Envoyer une photo de votre outil n’est bien sûr pas aussi grave que d’autres formes de harcèlement sexuel, mais cela ne devrait pas avoir d’importance. Tout comportement qui dépasse les limites de l’autre personne est inacceptable.

Quel comportement est considéré comme déplacé ?

Selon le droit français, le harcèlement sexuel se caractérise par le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste, qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. Cela concerne surtout des situations ou le comportement est menaçant, abusif, hostile, humiliant ou blessant. Bien que la limite soit différente pour chacun, les recherches montrent que les comportements suivants sont souvent considérés comme transgressifs :

• Acculer quelqu’un
• Baisers non désirés
• Insultes à connotation sexuelle
• Solliciter du sexe
• Atouchements non désirés

Dans une moindre mesure, mais aussi :

• Envahissement de l’espace personnel
• Remarques d’ordre sexuel
• Regarder le corps de l’autre personne sans retenue

Même si rien d’illégal ne se produit, une situation peut être indésirable, intimidante ou traumatisante.

Harcèlement de rue

Les comportements sexuels indésirables comprennent le harcèlement de rue, qui se caractérise par le fait de siffler, crier, courir après, attoucher, acculer ou lancer des insultes à connotation sexuelle à une personne, ou de lui solliciter agressivement des rapports sexuels. 

Est-ce que « non » est vraiment « non » ?

Sur ce point, nous pouvons être très clairs. Non, c’est toujours non. Il existe un certain nombre de raisons pour lesquelles les femmes permettent des choses dont elles n’ont en fait pas envie. Il se peut, par exemple, qu’elles se sentent sous pression ou ont peur que l’autre personne se mette en colère. Mais la consommation d’alcool ou de drogues, le chantage et le sentiment de pitié peuvent également avoir y contribuer. Les femmes disent souvent « non », mais elles n’osent pas rejeter l’homme de façon plus claire au travers de leur comportement. En conséquence, il peut avoir l’impression que son « non » n’est pas vraiment sincère.

« Elle a dit ‘non’, mais elle n’a pas vraiment résisté. »

En tant que femme, vous pouvez embrasser quelqu’un volontairement, et même faire le premier pas, mais ensuite n’avoir pas envie d’aller plus loin. Si l’homme continue à insister, certaines femmes peuvent céder et décider d’avoir des rapports sexuels même si elles n’en ont pas envie. Elles pensent qu’elles « doivent » le faire comme c’est elles qui ont fait le premier pas.

Qu’en pensez-vous ?

Nous décrivons ci-dessous deux situations afin d’illustrer des situations de harcèlement sexuel. Qu’en pensez-vous ? Ces situations vont-elles trop loin ou pensez-vous qu’elles sont acceptables ?

Situation 1

Une femme de 27 ans publie une belle photo de vacances sur son Instagram public. Elle porte un bikini, car elle est à la plage. Elle a un bonnet D et ses seins ressortent bien sur la photo. Un inconnu répond en commentaire : « Quelle meuf sexy ! Ces tétons me donnent envie de les sucer. »

Situation 2

La nuit est tombée et une jeune fille de 18 ans marche dans la rue. Un garçon l’aborde : « Salut beauté, tu vas où comme ça ? » Elle a appris à l’ignorer et continue simplement son chemin. « Je peux marcher avec toi, ma belle ? On va chez toi ? » Elle ne le regarde pas mais lui demande de la laisser tranquille. Il lui prend le bras et lui dit : « Crois-moi, bébé, tu vas adorer avec moi. Je prendrai bien soin de toi ». Elle panique, retire son bras et s’enfuit. Il lui crie alors : « Va te faire foutre alors, sale pute ! »

Conclusion

Il est donc impossible de dire ce qui est déplacé et ce qui ne l’est pas. Mais il est clair que tout cela repose sur le respect des sentiments des autres et des limites qu’ils définissent. Comme vous pouvez le voir dans les exemples ci-dessus, il existe différents degrés de harcèlement sexuel. Des commentaires « innocents » et des comportements intimidants aux agressions sexuelles et aux viols. Nos conseils : rappelez-vous que non est toujours non et ne forcez jamais rien. Pas même si vous pensez que l’autre personne en a « probablement » envie.

Et vous, comment réagissez-vous face à des comportements sexuels indésirables ?