Comment et pourquoi parler de sexe avec son enfant ?

Tu te demandes comment faire pour parler de sexualité avec un enfant ou encore pourquoi le faire ? Ça tombe à pic, tu es au bon endroit !

Dans un premier temps, on va aborder les raisons de faire cela ainsi que les possibilités et différentes méthodes qui s’offrent à toi pour mener cette conversation de la meilleure façon possible.

La première partie de cet article n’est certes pas la plus agréable car elle risque peut-être de ne pas te mettre très à l’aise, mais elle reste très importante si tu tiens au bien-être de ton enfant et que tu souhaites cultiver une relation saine basée sur l’écoute et la confiance avec lui !

Pourquoi faut-il parler de sexualité avec un enfant ?

Les années d’expérience en tant que sexothérapeut que j’ai à mon actif m’ont permis de comprendre que la majorité des problèmes liés à la sexualité rencontrés par mes patients viennent de l’enfance ou de l’adolescence. Et ces problèmes sont de véritables souffrances pour ces hommes et ces femmes.

Ces problèmes viennent plus précisément d’un véritable manque d’éducation sexuelle mais aussi de nombreuses lacunes en la matière. Pourquoi ? Soit parce que c’est un sujet tabou et gênant pour les parents, soit parce que ces discussions ont lieu trop tard ou avec un adulte peu informé sur le sujet.

Il est vrai que voir ses enfants grandir est difficile pour des parents : c’est un fait ! Alors on pense souvent qu’il faut attendre le bon âge, mais le bon âge est sûrement trop tard… Pourquoi ? Car aujourd’hui, à l’école comme avec les amis, l’éducation et le formatage à la sexualité se font très tôt. Ils en parlent déjà avant le collège ! Oui tu as bien lu.

Il y a toujours le grand frère d’un copain qui a montré à son petit frère une scène de porno.

Une scène que l’enfant se fera un plaisir de raconter à tous ces camarades… Et c’est là que commence l’éducation sexuelle ! Je parle par expérience.

À l’école comme avec les amis, l’éducation et le formatage à la sexualité se font très tôt. Ils en parlent déjà avant le collège !

En deuxième lieu, 46% des personnes ayant subi une violence ou un abus sexuel étaient mineures au moment des faits. Le traumatisme qui en découle a toutes les chances d’avoir plus tard un impact négatif lorsque la personne arrive à l’âge adulte, ou parfois même dès l’adolescence. Voilà pourquoi il est important de parler de sexualité à vos enfants afin qu’ils comprennent de quoi il s’agit.

Avant de dire à un enfant ce qu’il ne faut pas faire ou ce qu’un adulte n’a pas le droit de faire avec lui, il faut en premier lieu lui expliquer ce qu’est la sexualité.

Si tu ne te sens pas prêt(e) à lui en parler toi-même, demande à un adulte de confiance de le faire à ta place. L’autre parent, le parrain ou la marraine, les grands frères ou grandes sœurs, les tontons ou les tatas : nombreuses sont les personnes qui peuvent tenir ce rôle.

Mais attention ! Malheureusement dans la vie on ne sait pas toujours qui sont réellement les gens qui nous entourent… Il peut parfois y avoir de mauvaises surprises. Un jour, ton enfant devenu adulte peut venir te voir et t’annoncer qu’étant enfant, un frère, une sœur, son parrain ou sa marraine ou son autre parent a physiquement abusé de lui un jour… Je l’ai moi-même vécu !

N’as-tu jamais été affreusement déçu(e) par un proche en réalisant qu’il n’était pas du tout qui tu pensais alors que tu lui accordais une confiance aveugle ? Ça n’arrive pas qu’aux autres.

Alors pense toujours à demander à ton enfant, avec qui « il veut » en parler ⚠️C’est important de lui laisser le choix.

En secret, il sait peut-être des choses que tu ne sais pas et il ne faut pas (sans le savoir) l’envoyer dans la gueule du loup.

Quand je dis qu’il faut lui demander avec qui il veut en parler, je pense aussi à un professionnel extérieur au cocon familial. La personne à qui il s’adresse peut être un gynécologue, un sexothérapeute, un psychologue ou un coach pour enfants. Il est important en amont de lui donner les définitions de ces métiers ainsi que le rôle de chacun.

S’il a simplement besoin de parler de sexualité, la meilleure personne à qui il peut s’adresser est un sexothérapeute. S’il a besoin de voir un médecin pour prendre soin de son corps physiquement au niveau de l’intimité ou d’avoir un suivi d’hygiène et de santé, ce sera un gynécologue si c’est une fille, ou un andrologue/urologue si c’est un garçon.

Il est conseillé de lui proposer de voir un spécialiste par rapport aux idées reçues qui sont très souvent responsables des dysfonctionnement érectiles, troubles de la libido, précocité, manque de confiance en soi ou complexes…

Les idées reçues viennent la plupart du temps d’influenceurs, d’amis, des livres ou autres mauvaises sources que beaucoup de parents bien intentionnés partagent avec leurs enfants sans savoir que même si ça ne leur cause aucun problème sur le moment, il n’est pas impossible que cela leur en pose lorsqu’ils deviendront adultes.

Voici ce que beaucoup de parents disent aux ados sans savoir que c’est faux :

• l’éjaculation et l’orgasme masculin sont la même chose et ne peuvent être dissociés,
• l’orgasme vaginal n’existe pas,
• le sexe, c’est mal ou sale,
• la première fois est toujours un moment magique et merveilleux,
• l’orgasme fontaine n’existe pas. Ce sont des femmes qui se font pipi dessus dans les films,
• il faut que le rapport dure longtemps

Toutes ces phrases entendues par les parents, copains ou frères et sœurs sont souvent les causes des problèmes de mes patients adultes. Et je pourrais en citer des dizaines…

Comment le faire et quand ?

Maintenant, passons à la partie moins pénible. Vous êtes nombreux et nombreuses à m’envoyer des messages pour me poser cette question : qu’est-ce que je dois dire à mon enfant ou mon adolescent si je souhaite parler moi-même de sexe avec lui ? À quel âge le faire ?

Entre 0 et 3 ans

Il y a tout d’abord la phase de développement psychosexuel entre 0 et 3 ans. Les garçons découvrent leurs organes génitaux vers 8 mois et les filles entre 10 et 12 mois.

Je suis navrée de te l’apprendre. Certaines femmes travaillant à la crèche ou à la maternelle savent très bien de quoi je parle. Vers l’âge de 2 ans, ils commencent à explorer et découvrir leur corps et à être à la recherche du plaisir sexuel.

Entre 3 et 5 ans

Entre 3 et 5 ans, je te conseille de commencer à leur expliquer ce qu’est cet organe. Pas parler de sexualité, mais juste mettre des mots et des explications sur le comportement à adopter vis-à-vis de cela pour se respecter les uns les autres.

Le respect de l’autre et le respect de soi sont des notions d’une importance capitale.

D’où viennent les bébés, les différences entre le sexe féminin et masculin, les émotions, les envies, les sensations : tous ces sujets peuvent être abordés. Explique-lui qu’il ne faut pas laisser quelqu’un d’autre toucher le kiki, la minette, le sexe : choisis le mot que tu veux.

Personnellement, j’aurais tendance à te recommander d’utiliser les vrais termes dès le départ en expliquant à ton enfant que tant qu’il est enfant, ce ne sont pas des termes à aborder comme ça devant tout le monde et que c’est un sujet privé dont on ne parle pas avec d’autres adultes.

Mais précise-lui bien que s’il a des questions, il peut en parler avec les parents, le thérapeute, le coach relationnel ou un proche que l’enfant a choisi avec ton accord.

C’est toujours mieux d’utiliser les vrais termes pour la simple et bonne raison qu’une fois ado, si l’envie d’en reparler vient à ton enfant, il n’aura pas de mal à le faire et se sentira moins gêné.

Tu peux lui expliquer qu’il ne faut pas toucher le sexe d’un autre enfant contre son consentement. La notion de consentement commence maintenant ! C’est à cet âge-là que commencent les premiers contacts sexuels non consentis.

Entre 8 et 9 ans

Ensuite, viennent les premières interrogations sur la sexualité qui arrivent vers l’âge de 8 ou 9 ans. On a tendance à attendre des années… Jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Jusqu’à ce que l’enfant ait entendu des choses de la part de ses camarades, des choses découvertes sur internet, dans les films érotiques, auxquels certains enfants ont accès très jeunes… Parfois par le biais des grands frères ou grandes sœurs des camarades de classe.

Il vaut mieux aborder ce sujet dès l’âge de 8 ans quand les premiers moments de réelles explorations commencent.

Ce n’est pas parce que tu ne te souviens pas avoir commencé ou que tu n’as pas commencé si tôt qu’il en est forcément de même pour ton enfant. Cette moyenne est très bien calculée, tu peux me croire sur parole.

Entre 12 et 14 ans

Ensuite, vers l’âge de 12/14 ans, je t’invite à aborder à nouveau la notion de consentement avec ton enfant. Explique-lui qu’il ne doit jamais se forcer à faire quelque chose dont il n’a pas envie de faire et que d’autre part, il ne doit jamais forcer personne non plus. Tant qu’il n’a pas dit OUI, cela signifie NON. Parle-lui également du fait que ce qu’on voit dans les films pornographiques ou même parfois dans les films classiques n’est pas forcément la réalité. Parle-lui des risques de grossesse, des maladies sexuellement transmissibles, des préservatifs et des sentiments amoureux aussi…

Après 13 ans, tu peux prévoir un rendez-vous médical avec un spécialiste. Il ne suffit pas d’appeler un professionnel de la santé intime et de prendre un rendez-vous. Ça va bien plus loin que cela, c’est bien plus délicat que cela, afin de ne faire prendre aucun risque à ton ado…

Tu dois lui proposer de l’accompagner s’il le souhaite et lui expliquer comment se passe un tel rendez-vous afin de le rassurer et lui laisser la possibilité de te questionner librement à ce sujet. Il aura sûrement besoin de savoir avec exactitude ce qu’il va se passer. Est ce qu’on va le ou la toucher, comment ça se passe, est-ce que c’est dangereux, quelles sont les limites lors d’une telle consultation… ?

Entre 16 et 18 ans

Puis entre 16 ans et 18 ans, je te recommande de prendre de la distance et ne pas être trop sur le dos de ton enfant si et seulement si tu as bien suivi mes précédents conseils. Ton enfant sait déjà ce qu’il doit savoir sur la base de la sexualité.

En revanche, c’est maintenant que tu peux lui parler des relations sentimentales sans être trop impliqué. Précise-lui que c’est à la fois très beau et parfois difficile. Parle-lui également de l’amour et du partage.

Dis-lui que parfois il y a des hauts et parfois des bas mais que tu seras là s’il en a besoin. Que son partenaire n’a pas forcément eu le même vécu, les mêmes exemples, la même éducation sexuelle ou la même éducation tout court d’ailleurs. Il doit savoir s’adapter aux différences de l’autre ou communiquer pour mieux le comprendre.

N’hésite pas à lui partager des vidéos YouTube, des podcasts, des comptes Instagram… En bref, tout ce qu’il faut pour pouvoir, en toute autonomie, en apprendre davantage sur la sexualité d’un ado.

Une fois les 18ans passés, je ne vais pas te dire que c’est terminé… Loin de là. Évidemment, en tant que parents, nous devons toujours être là pour notre enfant. Toujours.

Et les conseils et échanges en matière de sexualité ne doivent jamais s’arrêter.

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Quoi de plus beau que d’être proche de ses parents au point de pouvoir leur parler de tout ?

En espérant que cet article t’a aidé d’une manière ou d’une autre.

Si tu souhaites faire appel à un professionnel du bien-être émotionnel, relationnel et intime qui intervient auprès des jeunes, c’est bien mon cas. Je te partage mon site internet : www.kookieriver.com

Et n’oublie jamais que la communication est la clé de l’épanouissement dans toute relation.

À très bientôt pour un nouvel article !